Il y a quelques années, la vigne que Jean SADRIN cultivait avec soin dans le bourg, tout à côté de la salle polyvalente, était la dernière parcelle qui subsistait d’un vignoble qui occupait autrefois une place importante dans l’activité économique de la commune. La récolte était principalement réservée à la consommation personnelle du vigneron et de sa famille et n’était donc que rarement commercialisée, contrairement à ce qui se passait par exemple à Givarlais et à Maillet. Ce qui explique d’ailleurs que si les parcelles étaient très nombreuses, leur superficie restait relativement modeste. Elles se situaient un peu partout sur le territoire de la commune mais c’est surtout sur les coteaux de la Grelière que le sol et l’exposition étaient favorables. Plus que les versants c’est au sommet de ces coteaux que l’ensoleillement procurait une meilleure maturité.
En exécution des lois des 29 juin 1907, 4 juillet 1931 et 24 décembre 1934, 56 déclarations ont été faites en mairie après les vendanges de l’automne 1938. C’est du moins ce qui apparaît à la lecture d’un registre découvert par Théo PANAUD. Ces déclarations obligatoires ont été faites par les différents propriétaires, fermiers et métayers que comptait alors la commune.
Si les superficies déclarées peuvent être considérées comme proches de la réalité, car la possibilité de contrôler avec les données du cadastre limitait les risques de fraude, il n’est pas certain en revanche que les volumes indiqués soient vraiment réels. La tentation était grande » d’arrondir » par le bas. Mais, pas trop tout de même car il fallait bien songer ensuite au futur passage de l’alambic ! ! !
Ces 56 déclarations portaient sur 19 hectares 84 ares. A part une dizaine d’hectolitres de vin blanc, la production était entièrement constituée de vin rouge pour un volume total de 535 hl soit 53500 litres. Le rendement moyen était donc de 0,26 hl à l’are. Encore que ce rendement moyen cachait bien des disparités- Certaines vignes, mal situées, très vieilles ou insuffisamment entretenues peinaient à produire 0,2 hl à l’are alors que d’autres, plus favorisées, dépassaient très largement ce rendement. Ainsi, Henri DESMAZIERES, le « Blaise », non content de fabriquer de solides sabots, a réussi en 1938, à récolter 10 hl de vin sur une parcelle de 15 ares située derrière l’actuelle maison de Gérard CHAUSSEMY, soit un rendement de 0,66 hl à l’are. Mais cette performance a encore été largement battue par Jean DECHERY qui habitait aux Petits Doyards. Après avoir tiré la cuve, notre ami s’est retrouvé avec 7 hl de vin alors que sa vigne ne faisait que 7 ares ! Il est vrai que cette vigne située à la Grelière bénéficiait d’une exposition exceptionnelle. Comme c’était également l’une des plus petites de la commune, elle devait sans doute être cultivée avec amour ce qui a permis à son heureux propriétaire de « consommer sans modération ».
Thomas LACHAUME avait une vigne plantée sur le terrain devant la maison de Lili LAMARQUE. Son cuvage était à l’extrémité de la maison de Lucette MILLET, au bord de la route de Givarlais. Il a disposé de 20 hl de vin mais il est vrai que sa parcelle faisait 1 hectare.
L’ami Jean SADRIN nous a quittés en 2007. Il a pu, pendant très longtemps, labourer, tailler, attacher, traiter et vendanger la dernière vigne de la commune, une vigne-souvenir, une vigne-symbole, une véritable vigne-école pour le plus grand plaisir des élèves du regroupement pédagogique.