Note datée de la fin de l’année 1767…
« La présente année a été remarquable par les longueurs de son hiver qui a été très rude puisqu’on prétend qu’il a gelé plus fort qu’en 1709, le grand froid a ruiné l’espérance des vignerons, il y avait cependant des vignes qui avoient echappé à sa rigueur mais il y a eu des gelées le 17, le 18 et le 19 avril jour de pasques qui les ont achevez ainsy que presque tout le fruit qui auroit été très abondant. La nuit du six de may la gelée fut aussi fatale pour ce qui pouvoit rester de toute sorte de fruits de sorte qu’on a receuillis ny poires ny pommes ny pesches ny prunes ny noix. Le froid avoit aussi occasioné des maladies parmi les moutons et les brebis qui les ont fait presque tout fait périr. Tout généralement est de la dernière cherté, le vin se vend actuellement quarante sept le poinsson, le bled seigle se vend vingt ( 24 et 25) livres le septier il s’est vendu jusqu’à vingt sept aux environs, on n’a point trouvé de fruits à achetter, la livre d’huile de noix se vend quatorze sols, tous les bestiaux sont hors de prix ;
Il est aussi mort cette année beaucoup de monde de la dissenterie, cette p(aroi)sse est presque la seule qui n’en a pas été attaqué ; il en est mort beaucoup à herisson on faisait trois ou quatre enterrements par jour, beaucoup à montluçon de la petite vérole et ainsy des autres pays comme Moulins, Bourges et St Amand.
Comme on n’est pas accoutumé dans le pays a eprouver des froids bin violents, on a été très étonné de la gelée extraordinaire et du froid excessif qu’on a ressenty pendant les années 1765, 66 et 67 ; on ne s’attendoit pas à de plus grands froids cependant sur la fin de l’année soixante sept et surtout au commencement de soixante huit le froid a été des plus violents et tout le monde convient qu’il a gelé encore avec plus de force que les années précédentes, personne n’avoit vu les neiges si grandes, elles avoient le moins seize pouces de hauteur, il est vray que les gelées n’ont pas été de longue durée, la fonte des neiges a occasionée de grandes crues d’eau comme la rivière étoit couverte de glaces fort épaisses on baignoit beaucoup surtout pour les moulins, les écluzes de Gateuil et Crochepaut furent emportées, il y a eu un homme qui s’est noyé en passant un ruisseau, et deux autres que l’on a trouvé gelez dont l’un est mort sur le champ et l’autre n’a vécu que quelques jours. »